Mehrdad Arefani - Poésie
dimanche 9 juillet 2017
lundi 3 juillet 2017
Gulliver
Le
jour où j’ai enterré les livres
Les
photos des camarades étaient en noir et blanc
Puis,
mon père, sur cet amas
A
greffé une jeune pousse d’orange avec une grenade
Et
tout est devenu couleurs
J’ai
grandi
Beaucoup
grandi
Tellement
grandi que nulle part je n’avais assez de place
Ma
tête se cognait au plafond
J’étais
obligé de marcher tête baissée
Aucune
chaussure ne m’allait
La
cellule d’isolement était petite et mes bras longs
Jouaient
avec les nuages derrière les barreaux
J’ai
noué les fils déchirés des cerfs-volants
J’ai
perdu l’équilibre
Une
armée de soldats nains
A
tiré, et j’ai senti comme des aiguilles qui me piquaient
Je
ne sais pas
Si
je suis mort
Ou
Si
je suis endormi !
Maintenant
Comme
Gulliver
Je
me réveille à Lilliput
Les
nains m’on attaché les mains et les pieds
Et
je suis allongé dans Bruxelles enneigé
L’OTAN
Les
chemins qui mènent à l’OTAN
Sentent
le gaz moutarde venu des champs de tournesols
Halabdja
pleure dans mon poème
La
météo dit que c’est la pluie
Liberté
Quand
tu deviens clef dans la poche du geôlier
Je
t’aime plus encore
Je
tombe amoureux de toi
A
tel point que j’oublie la blancheur de mes cheveux
Comme
si j’avais vingt ans
Je
trace une image de toi sur la buée de la vitre
Comme
un fusil
Je
divise tes parcelles
Même
si je t’aime
Je
te divise
On
entend un coup de feu mais aucune vitre ne se brise
Ni
morceaux de néon
Ni
gaz lacrymogène
J’enfonce
mes ongles dans le rêve
En
enfer, au paradis
Il
est cinq heures du matin à Evine[1]
Sur
tous les tabourets, les grues,
Les
poteaux, les pelotons d’exécution,
Toutes
les morts, les vies
Pour
du pain,
Pour
des rires et des larmes,
Les
joies, les chants
Et
les formes géométriques
Je
trace une image de toi sur la buée de la vitre
Mais
tu n’es jamais là !
Sans
forme, sans géométrie
Je
tombe amoureux de toi
Je
danse
Je
deviens fou de toi
Pour
toi, je suis tué tous les jours
Pour
toi, je nais tous les jours
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