Je
suis amoureux d’une femme qui n’existe pas
Elle
se promène dans l’oubli qui coule du temps
A
minuit elle glisse sur la fenêtre
Elle
devient buée sur les vitres
Et
marche dans la pièce
Ses
yeux devraient être bleus
Elle
s’allonge sur le sable de ma peau
L’été
vient
Ses
lèvres flottent sur mes lèvres
Je
suis flux
Elle,
reflux
Mais
ici à Paris il n’y a pas de femme qui n’existe pas
On
ne peut voir ses joues en clair-obscur dans aucun miroir
dans
le bruit de tous les klaxons
le
son de ses pas
coule
sur le trottoir
Ce
n’est pas qu’elle n’existe pas
Non
J’entends
même
si je me bouche très fort les oreilles
Que
je cours vers le métro
Que
je me perds dans les voitures et les ombres
je
reconnais son ombre
je
la perds
je
la retrouve
je
ne peux pas ne pas la reconnaître
même
si je serre ses mains, je la perds
On
s’enfonce l’un dans l’autre
quand
on nous voit sur le mur
nos
baisers artistiques sont en noir et blanc, et muets
tout
le scénario, c’est le jeu de nos lèvres
Peut-on
accrocher une ombre à une grue ?
Les
ombres respirent-elles ?
Tombent-elles
amoureuses ?
Et
peut-on marcher bras dessus-bras-dessous avec elles
sans
qu’elles ne soient piégées par une lumière soudaine, qu’elles ne rétrécissent
ou qu’elles ne s’allongent ?
ou
qu’elles se perdent soudain et qu’elles reviennent encore ?
Je
l’ai vue plusieurs fois traverser les barreaux
J’ai
tout essayé, mais je ne suis pas arrivé à le faire
même
si des années ont passé
les
barreaux sont devant moi, pas à pas, et
la
femme qui n’existe pas et dont je suis amoureux
revient
d’un côté
et
repart de l’autre
elle
revient bras dessus-bras dessous
ne
se mouille pas sous la pluie
ni
ne se refroidit
elle
est piégée par diverses lumières
Avec
une silhouette d’ombre et des yeux bleus
elle
est de l’autre côté des barreaux.
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