lundi 3 juillet 2017

Je suis amoureux d’une femme qui n’existe pas


Je suis amoureux d’une femme qui n’existe pas
Elle se promène dans l’oubli qui coule du temps
A minuit elle glisse sur la fenêtre
Elle devient buée sur les vitres
Et marche dans la pièce
Ses yeux devraient être bleus
Elle s’allonge sur le sable de ma peau
L’été vient
Ses lèvres flottent sur mes lèvres
Je suis flux
Elle, reflux
Mais ici à Paris il n’y a pas de femme qui n’existe pas
On ne peut voir ses joues en clair-obscur dans aucun miroir
dans le bruit de tous les klaxons
le son de ses pas
coule sur le trottoir
Ce n’est pas qu’elle n’existe pas
Non
J’entends
même si je me bouche très fort les oreilles
Que je cours vers le métro
Que je me perds dans les voitures et les ombres
je reconnais son ombre
je la perds
je la retrouve
je ne peux pas ne pas la reconnaître
même si je serre ses mains, je la perds

On s’enfonce l’un dans l’autre
quand on nous voit sur le mur
nos baisers artistiques sont en noir et blanc, et muets
tout le scénario, c’est le jeu de nos lèvres
Peut-on accrocher une ombre à une grue ?
Les ombres respirent-elles ?
Tombent-elles amoureuses ?
Et peut-on marcher bras dessus-bras-dessous avec elles
sans qu’elles ne soient piégées par une lumière soudaine, qu’elles ne rétrécissent ou qu’elles ne s’allongent ?
ou qu’elles se perdent soudain et qu’elles reviennent encore ?
Je l’ai vue plusieurs fois traverser les barreaux
J’ai tout essayé, mais je ne suis pas arrivé à le faire
même si des années ont passé
les barreaux sont devant moi, pas à pas, et
la femme qui n’existe pas et dont je suis amoureux
revient d’un côté
et repart de l’autre
elle revient bras dessus-bras dessous
ne se mouille pas sous la pluie
ni ne se refroidit
elle est piégée par diverses lumières
Avec une silhouette d’ombre et des yeux bleus
elle est de l’autre côté des barreaux.

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