dimanche 2 juillet 2017

J’ai ramé dans les eaux du pays creux




Dans les profondeurs ici, tout est
rempli de boîtes vides
des tonneaux de pétrole flottants
l’odeur âcre du gasoil
Dans les profondeurs, mon frère est une raie
Je peux deviner son bonheur quand il glisse sur le sable
Les algues sont devenues les cheveux de ma sœur
La mousse dont le barbier couvre le visage de mon père
se dissout dans l’eau
Il passe la lame sur la peau
Je reconnais les morceaux de la barbe de mon père dans les poubelles sur les vagues
Et sans boussole, j’en suis certain.
Je suis debout sur les hauteurs de la ville
où ma mère a fait le grand ménage
Pourtant je suis tombé dans les méandres de glace
des morceaux de glace suspendus des poubelles
Et qui brillent sous le soleil ; tout dérange
Je réfléchis
Comment la rivière coule sous l’eau ?
La mer est salée et pas la rivière
Je dois jeter l’ancre
Pour qu’elle s’accroche au pont
Quand mon père rentrera de chez le barbier
Et qu’il arrivera sur le pont

Il verra le fond du bateau au-dessus de sa tête
Il nettoiera ses lunettes dans l’eau
Et dira :
mon fils est revenu
Je me penche
Je dégage les poubelles avec mes rames
Les gens sont rassemblés sur le pont


D’ici je vois leurs écailles

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